Un DŌJŌ ( 道場) c'est plus qu'une salle de sport ou une salle d'entrainement ordinaire. Dans la culture japonaise, le dōjō signifie le lieu de la Voie, le lieu où l'on pratique la Voie.
道 (dō / michi)— le chemin, la Voie
場 (jō / ba)— le lieu, l'emplacement
Le Dōjō, c'est le lieu où l'on étudie la voie. C'est un espace dédié à la pratique physique mais aussi à la pratique spirituelle et à l'autodiscipline.
Traditionnellement lié au bouddhisme, un dōjō était à l'origine une salle du temple où les moines pratiquaient la méditation.
Avec le temps, le dōjō est devenu le lieu consacré à la méditation et à la pratique des Budo, devenant un lieu où les pratiquants progressent et polissent le caractère, affinent la technique et soutiennent l'épanouissement.
Un dōjō est un environnement sacré exigeant respect, humilité et concentration. Il symbolise un long voyage d'amélioration continue, qui va aussi s'exprimer à l'extérieur du tapis.
Son orientation et sa symbolique ne doivent rien au hasard. Un dōjō est un véritable espace temporel qui nous sort du quotidien dès le pas posé sur le tatami.
Il dispose d'un côté honorifique, le Kamiza ou Shômen 上座 littéralement le côté élevé. C'est le mur d'honneur. Il est situé face au sud. c'est le mur baigné de lumière du soleil, il symbolise la connaissance, c'est l'état le plus avancé de l'éveil. On y retrouve souvent un autel, la représentation des kami, une calligraphie, des objets symboliques, un portrait du Maître.
L'enseignant s'assied dos au Kamiza. Symboliquement il est le lien entre la pleine lumière, la connaissance et ses élèves. Il est la passerelle et doit pour cela être le plus fidèle possible à la source.
En face se trouve le Shimoza, 下座 littéralement le côté bas. C'est là où sont assis les élèves. L'ordre général est un ordre par ancienneté et de grade dans la pratique de la discipline. Les élèves les plus anciens se trouvent à la gauche de l'enseignant.
On peut noter que subtilement, les élèves reçoivent la lumière du kamiza à travers le prisme de l'enseignant ! D'où aussi pour l'élève de faire le bon choix de l'enseignant pour prendre les informations!
Les assistants de l'enseignant se place dos côté Joseki. Le siège supérieur. Les anciens voient passer le soleil depuis un bon moment, ils comprennent les principes de l'art.
Les débutants sont du côté Shimoseki (le Siège inférieur). Eux sont encore dans l'ombre (de la pleine connaissance) mais on peut aussi dire que les débutants sont dans l'ombre protectrice des ainés 😉
Traditionnellement, on plaçait aussi les invités qui venaient voir un cours du côté Shimoseki, pour une question stratégique car on se savait pas si il y avait parmi eux un espion d'une école concurrente ! Et logiquement, si on les mettait du côté des débutants, ils ne voyaient pas forcement l'efficacité des techniques (car non encore maîtrisées par les débutants) !
Rappelez-vous qu'à une époque, les dōjō n'étaient pas ouverts, il y avait très peu d'ouvertures et les techniques étaient gardées secrètes pour un grand nombre d'école.
Les dōjō en France n'ont malheureusement pas toujours cette configuration idéale car ils sont installés dans des complexes sportifs.
On organise alors le dōjō par rapport à la porte d'entrée qui doit être du côté inférieur Shimosa.
Lors de grands stages ou séminaires, il arrive de pratiquer dans des gymnases ... il faut prendre conscience que lorsque nous pratiquons, cet espace devient symboliquement un dōjō avec ses valeurs et règles.
L'intérêt de la tradition est aussi de connaitre sa juste place dans le dōjō et donc son placement.
On retrouve les principes de l'étiquette Rei 礼
Un univers est posé qui peut-être vous permettra de voir différemment votre pratique et qui sait l'intensifiera dans ses intentions.
Ce lieu n'est pas une cours de récréation et ce n'est pas non plus un lieu de culte.
Mais peut-être serait-il bon d'y trouver un juste milieu pour permettre à chacun de faire sa recherche ?
Bonne pratique !
