POURQUOI COMMENCE-T-ON LES MOUVEMENTS PAR LA GAUCHE ?

Parez pour tracer des parallèles? Faire un voyage dans la symbolique et l’énergétique ?

Le tatami représente symboliquement un champ de bataille. Ne pas connaître sa place, ni savoir quoi faire c’est tout simplement être mort ! Ne réfléchissez quand même pas trop !

 

Pour celui qui veut se donner la peine de creuser, il trouvera pleins de détails pour stimuler sa pratique et l’orienter vers d’autres horizons qu’un aspect purement sportif.

Pour beaucoup ce ne sont hélas que des détails insignifiants, qui empêchent de vite voir la technique et vite se l’approprier. Ils oublient que l’efficience dans un art n’est pas dans la précipitation.

Et puis, si ces détails existent, c’est parce qu’ils ont leur raison d’être non ?

 

Ainsi, dès le début, quand vous entrez dans un Dōjō, c’est pied gauche devant.

Quand vous mettez votre keigogi, vous avez le revers gauche qui est sur le revers droit (non l’inverse, qui est celui qu’on met sur les personnes mortes !).

Vous montez sur les tatamis pied gauche d’abord.

Quand vous êtes en seiza, vous avez la main gauche sur le main droite (le ciel sur la terre).

Le gros orteil du pouce gauche du pied sur le gros orteil du pouce droit du pied.

Quand vous saluez votre partenaire en seiza, vous posez d’abord la main gauche puis la droite.

Dans un Dōjō bien fait, les armes se placent à gauche.

Dans la pratique, le boken est à gauche dans son fourreau.

On commence les exercices par la gauche …

Gauche, gauche, gauche d’accord, mais c’est ne pas être gauche non plus !

 

Si vous ne le saviez pas, notre art provient de l’Orient, et se pratique dans un dōjō. (litt : lieu de l’éveil, lieu où l’on étudie et cherche la voie !).

Dans un Dōjō, tout est en rapport avec le Kamisa, (lit : assise (Za) des esprits (Kami) de plus, Kami (litt Feu (Ka) et Eau (Mi)), le côté honorifique, le Shomen, le Nord.

 

On le voit, ce Dōjō (caractère carré) est orienté comme le ferait une boussole pour suivre notre chemin. Il est lié à la course du soleil (le cercle).

 

Quand le Maître ou l’enseignant se place dos au Kamisa, il voit devant lui le SUD, le midi, la pleine lumière (Shimosa). Le soleil, illumine pleinement le chemin à suivre. On dit qu’il reçoit la pleine lumière, c’est à dire les connaissances à transmettre.

Le soleil, apparaît à sa gauche à l’EST, le matin (Jōseki) pour finir sa course à sa droite à l’OUEST, le soir (Shimozeki).

Les élèves ne voient pas directement cette lumière. Ils la voient par le miroir de l’enseignant. Les plus anciens sur le côté EST voient un peu le soleil, ils commencent à intégrer les principes. Les débutants à l’OUEST, sont dans l’ombre et ont tout à apprendre.

 

Le Migi Gawa (côté droite) notre EST est considéré comme Ura, donc Yin et féminin, plus subtil). C’est le côté où se place les anciens.

 

Le soleil se lève à l’EST. C’est l’énergie du bois, du méridien du foie (et comme les choses sont bien faites, le méridien du foie est lui aussi Yin !).

C’est l’énergie de l’activation, c’est le travail qui se met en route, l’activité qui démarre, l’énergie qui croît, l’extériorisation.

 

Le Hidari Gawa (côté gauche) notre OUEST est considéré comme Omote, donc Yang et masculin, plus grossier, force pur. C’est le côté des débutants.

 

Le Soleil se couche à l’OUEST. C’est l’énergie du métal, du méridien du poumon (celui qui absorbe le ki et le distribue, fait la balance entre l’intérieur et l’extérieur).

C’est le temps du repos, du retour sur soi.

 

Je vous cite ce qu’O Sensei nous a transmis dans son enseignement secret :

 

La gauche préside à l’activation, la droite à la réception.

Le pied gauche est symbolisé par masakatsu Toyokumo no kami, le créateur, celui qui active la vie. Divinité mâle, Izanagi.

Le pied droit bouge comme agatsu Kuni no tokotachi no kami celle qui appréhende le ki. Divinité femelle, Izanami.

De la gauche, tout évolue en fonction du ki infini. C’est l’état de la vigueur créative et de la technique victorieuse. L’esprit vibre, le côté gauche est porteur de liberté dynamique. La gauche se saisit de la vie et de la mort, la droite y met fin.

 

Un peu plus loin, il dit que lorsque on est unifié au ki, que le côté gauche sert de base du bū, qu’il est la source du ki illimité et inépuisable, tandis que la droite reçoit l’énergie universelle et nous lie à elle, elle sert de véhicule. La droite tire sa puissance de la gauche.

Quand la gauche se mêle à la droite alors on bouge en totale liberté.

 

O senseï disait aussi que tous les mouvements de l’aïkido commencent vers la gauche, côté du cœur.

 

Je profite de ce billet pour vous donnez une phrase clef de l’entraînement véritable : masakatsu agatsu katsuhayabi qui se traduirait par la vraie victoire est une victoire sur soi, une victoire aussi rapide que la vitesse de la lumière.

 

Pour approcher de cela, il faut donc respecter les règles, sinon ça ne fonctionne pas tout simplement. Et l’on fera un aïkido style sportif mais l’on ne sera pas sur le Pont Flottant du Ciel à faire le takemusu aiki !

 

C’est pour ces raisons qu’en aïkido, c’est la gauche en avant, vous mettrez ainsi la dynamique en route.

Si vous voulez regarder un film par « The End » c’est clairement un non sens !

Si vous faites votre aïkido en commençant par la droite c’est la même chose !

 

Oh fait, dans la cosmogonie chinoise, le ciel est senestrogyre, la terre dextrogyre.