Zanshin : lit. Etat d'éveil, il est formé de 2 Kanji:
Zan: qui signifie laisser, reposer
Shin: qui signifie cœur, esprit
L'ancienne graphie représentait un cœur ouvert avec
la sortie de l'aorte (le grand trait).
Le Zanshin, c'est laisser là l'esprit, l'abandonner.
C'est être vigilant dans un état de sérénité, en faisant le vide, sans peur ni
angoisse ou nervosité venant nous parasiter. C'est être concentrer mais sans
objet.
Le Zanshin, pour être à son paroxysme,
s'interpénètre avec d'autres notions comme le Ma Ai, le Shisei, et des notions
plus "spirituels" comme le non ego non esprit ce fameux Muga-mushin
ou l'esprit inamovible, le Fudoshin du sage Takuan qu'il a enseigné à Musashi.
Le Zanshin ne doit pas se voir dans notre attitude,
notre posture, puisqu'on est détaché, impénétrable. Mais pour être dedans, il
faut une bonne attitude, être dans son Hara, avoir un bon Shisei … Vous avez
dit subtil ??
Dans la pratique, il est évident que le Zanshin est
présent du début à la fin. C'est pas parce que l'on met fin à une technique que
tout est fini. J'ai fait mon Ikkyo, j'ai immobilisé, au suivant, non ! On doit
constamment être en état d'alerte (avant, pendant et après). Une fois le
mouvement fini, on doit avoir une continuité avec la suivante. On doit toujours
être présent, vigilant et disponible. Mais attention de ne pas tomber dans le
travers d'une gestuelle trop mécanique, trop répétitive où le mental prendrait
le dessus. Vous devez vivre le Zanshin avec la relation que vous avez avec Aite
dans l'instant.
Dans la vie de tous les jours, nous manquons hélas
trop de ce Zanshin ! Qui reste derrière une porte? Qui se cogne la tête? Qui
oublie ces clefs? Qui prépare à manger sans conscience ? …
Aussi le moine zen, cherchera le Zanshin dans tous
ces gestes. Pour lui, c'est l'esprit du geste. Etre en pleine présence dans
tous les instants sans le fardeau du mental. Le Zanshin n'est pas qu'une
affaire de tatami, si vous pouvez le vivre en tous lieux, vous avez l'occasion
de vivre une vie éveillée de tous les instants.
Une histoire pour finir :
L'enseignement d'Ikkyu était réputé et un moine qui
voulait le recevoir était en chemin vers l'ermitage d'Ikkyu quand il se met à
pleuvoir, il ouvre son ombrelle et continue sa route. Une fois arrivé le moine
ferme son ombrelle, quitte ses chaussures, les posent à côté de la porte et se
présente auprès d'Ikkyu. Il le salue et lui dit:
« Voici plusieurs années que je pratique et j'aimerais
devenir ton disciple, recevoir ton enseignement. »
Nous nous attendons de la part d’un maître à des
questions sur l’enseignement, sur la profondeur de sa pratique, ce que nous
avons réalisé mais Ikkyu demande tout simplement:
- De quel côté de la porte as-tu posé ton ombrelle ?
Le moine réfléchit, ennuyé reconnaît :
- Je ne sais pas.
Ikkyu lui dit :
- Reviens me voir plus tard, tu n'as rien compris au
zen.
- Comment ! Tu me renvoies pour une si petite
erreur! - dit le moine.
- Décidément, tu n'as rien compris à la pratique! Il
n'y a pas de petite erreur dans le Zen. répondit Ikkyu.
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