Pour se mettre dans l’ambiance, voici un petit poèmes d’O Senseï :
« Aïki-
Une voie si
difficile
A comprendre,
Pourtant aussi simple que
Le flux
naturel du ciel. »
Il me paraît normal de parler de ki
puisque le bon sens nous fait remarquer qu’il est présent dans le nom et la
pratique de l’Aï-Ki-Dō (合 気 道 ) !
O Senseï disait : « L’univers prend sa source à partir du point de rencontre entre les
états d’existence et de non-existence. C’est là que se situe la source d’Aïki
(l’interaction créative de l’énergie : l’énergie universelle, le ch’i) ».
Hélas, on peut dire qu’actuellement la connaissance
sur le ki est absente ou cachée. Peu
de personnes perçoivent ce concept dans leur pratique qui ne devient au fil des
ans qu’une série de techniques enchaîner en fonction de l’attaque programmée !
Triste sort quand on voit que le ki
est partie intégrante de l’Aï-Ki-Dō !
Mais je ne vais pas faire la révolution pour
autant !
Le problème ne date pas d'aujourd’hui, car l’Aïkikaï
de Tokyo sous la tutelle du Doshu,
fils du fondateur, avait remercié gentiment Kôichi Tôhei, un éminent uchi deshi de O Senseï (qui avait une
maîtrise du ki), de ne plus enseigner
à l’Aikikaï, partir du Japon, et de changer le nom de ce qu’il enseignait
autrement que par Aïkidō !
Euhhhhh Voie d’harmonie vous avez dit ?
Avant que je ne m’emporte, K. Tôhei a écrit des
livres qui sont réédités pour les chercheurs de ki !
Ki, qui es tu
donc ? –essai de définition
Pour simplifier, le ki appartient au domaine
du sentir et non celui du savoir !
On peut transmettre une connaissance mais on ne
pourra transmettre une expérience, faire partager une sensation !
Voilà, merci de m’avoir lu !
Plus sérieusement :
Ki, 氣 c’est l’énergie, l’élan
vital, l’esprit, le cœur, la nature, le souffle …
Tenki (l’énergie du ciel) c’est
la météorologie. Kibun (comprendre,
connaître son ki), c’est l’état
d’esprit. Je ne vais pas lister la centaine d’expressions qui ont le terme ki. Mais la plupart amènent à parler des
attitudes, des humeurs, du caractère de l’homme (shiki courage, iki
volonté, genki vigueur, santé (lit.
la source de l’énergie), genki desu ka ? (pour tu vas bien, tu es en
forme ?).
Le ki
vient du concept chinois Ch’i ou Qi. C’est un concept plutôt vague pour
nous occidentaux. Il est associé à un espace vide ou au néant selon Lao-Tseu, à
l’énergie créatrice émergeant du chaos selon Chouang-Tseu. D’autres le
définissent comme un principe dualiste structurant l’univers et produisant les
10 000 êtres : léger, le ki
devint ciel et du ki céleste naquit
le soleil, puis le ki dans sa
pesanteur se figea pour devenir terre et du ki
terrestre naquit l’eau. Ce dualisme évolua en un ki à la fois yin et yang, que l’on retrouve dans la théorie
des cinq éléments ou le yi king.
On retrouve le sens de ces idées quand on parle de prana, de spiritus (de spirare =
souffler), de pneuma, de souffle
divin …
Dans les arts martiaux et la médecine il prend le
sens d’une subtile énergie vitale. C’est la force de vie, la force intérieure.
En médecine chinoise, la maladie est un blocage du flux du ki dans le corps.
Mais le hic,
c’est qu’avec toute la technologie moderne mise à notre disposition
(photographie IR, effet Kirlian, ondes électromagnétiques, aura …) on n’a
toujours pas réussi à identifier ce ki.
On ne peut pas prouver son existence mathématiquement parlant, tout comme
l’existence de Dieu du reste !
Pourtant on peut comprendre qu’il existe des forces,
des liaisons fondamentales dans notre univers. On a bien des liaisons
chimiques, nucléaires et humaines (mais attention à la force obscure chers Jedi !).
Alors pour commencer, calmons notre esprit en lui
disant qu’on ne peut le mesurer ou le contenir ! On ne peut le mesurer
certes, mais il se démontre !
Si on regarde le kanji du mot ki en japonais, on peut le
décomposer en 2 radicaux distincts ce
qui souligne au passage sa nature double :
La partie inférieure représentée par le kanji du mot
riz, symbolise l’énergie matérielle, brute.
La croix symbolise la main ou le fléau qu’utilise
l’homme pour séparer les 4 grains de riz autour !
Le grain de riz, source matérielle alimentaire qui
procure de l’énergie à notre organisme par sa transformation lors de la
digestion.
La vapeur s’élève de la cuisine où l’on cuit le riz
pour rejoindre le ciel. Le grain de riz éclate sous la chaleur, il est donc
riche en potentialité contenue à l’intérieure de celui-ci.
C’est la partie visible de l’énergie, Yang ou Yo en
japonais comme la terre.
La partie supérieure désigne la vapeur, l’air (par
extrapolation le ciel, l’espace).
La vapeur, c’est la transformation de l’eau par un
élan ascensionnel sous l’effet de la chaleur.
Le riz chauffé génère de la vapeur. L’eau se mêle à
l’air.
Avec la représentation de ces 3 traits, on aurait le
ciel, les nuages et celui qui se courbe, la vapeur qui monte de la terre !
Cette partie représente la partie invisible,
immatérielle, impalpable de l’énergie, Yin ou In en japonais.
Que de symboles ! Et on voit que l’homme par
son travail unit la terre au ciel !
On peut aussi dire que le ki est la
« vie » qui anime l’individu dans les conditions d’espace (le radical
de gauche) et de temps (le radical de droite).
La fusion des deux parties , du yin / yang, ou in /
yo ou air / terre, donne naissance au ki et signifie énergie universelle. Cette énergie est
polarisée (Yin/Yang, -/+ …).
Tout ce qui existe, toutes choses ou êtres vivants
sont faits de ki et nous retournerons
tous au ki universel selon les
enseignements du Tao-Te-King, du Yi King, du Kojiki …
Le ki est une
activité en mouvement (intellectuel, physique, animique), dont la subtile
combinaison fera la volonté individuelle participant à un mouvement plus grand,
celui que la tradition extrême-orientale appelle le "courant des
formes" induit par la Volonté Universelle, le Ho Tou.
Plus à notre portée, enfin moins obscure ! K.
Tôhei donne la définition suivante : « Le ki est une énergie universelle, capable d’une expansion et d’une
contraction infinies, qui peut être dirigée, mais non contenue par l’esprit ».
Le ki est
mouvement, ce mouvement créé par la rencontre du yin et du yang engendre une
spirale technique que l’on retrouve de manière dynamique dans les mouvements aïkido.
Ce lien entre votre aïkido et le ki se retrouve dans les apparentes
dualités :
-
des partenaires uke celui qui
subit et tori celui qui exécute la
technique
-
des esquive : Irimi -
yang et Tenkan – yin
-
des mouvements :Omote -
yang et Ura – yin
-
des Taisabakki en exécutant
le mouvement tournant en Uchi - yang
et Sotto – yin
Le ki se
manifeste mieux lorsque la forme, la posture, l'attitude sont parfaites.
C'est pour cette raison que les bras sont considérés
comme des sabres (te-katana) ayant une courbure naturelle conforme à notre
morphologie.
(pour les scientifiques matheux, il serait peut être
intéressant de creuser sur le type de la spirale - logarithmique ?
conforme à la règle d’or ?).
Aïkido textuellement "La voie pour unir le ki" indique que nous devons
résoudre physiquement mais aussi mentalement, spirituellement cette dualité du
yin et du yang dans la pratique du mouvement coordonné, dans cette méditation
dynamique. Sans cela l’aïkido ne sera qu'une petite gymnastique (propos de
O.Sensei).
Avoir du Ki
Comme il a été dit plus haut, on ne peut pas mesurer
le ki, mais on peut le
démontrer !
"Avoir" du ki c’est tout à fait possible (sinon on ne serait pas là à
lire !).
Je vous souhaite de ressentir une espèce de
"flux" qui passe le long de vos bras, de vos mains jusqu’au bout des
ongles, une espèce de "force vitale inattendue", une sensation d’être
en adéquation parfaite entre le mouvement, la respiration, la réalisation
technique. Bref, pouvoir faire un mouvement spontané ! … mais pour cela,
pratique, pratique et encore pratique !
Je vous cite les 4 principes édictés par Tôhei pour
percevoir le ki :
1- Calmer et concentrer
l’esprit au Point Unique de l’abdomen inférieur
2- Se détendre, relâcher
complètement tout le stress du corps
3- Permettre au poids de chaque
partie du corps de s’installer naturellement à son point le plus bas
4- Visualiser et laisser le ki rayonner
Ces 4 principes sont le fondement de son
entraînement. On remarque qu’on a 2 principes (les 2 et 3) qui sont de l’ordre
du physique et 2 principes (1 et 4) de l’ordre de l’esprit.
On est de nouveau dans la recherche d’unité entre le
corps et l’esprit !
Tôhei rajoutait que « comprendre l’un de ces 4 principes c’était aussi connaître les 3
autres. Et en perdre un seul, c’est les perdre tous » !
Donc pour percevoir et "maîtriser" le ki, les pratiquants doivent rechercher
une unité corps-esprit-ki. On pourra
percevoir ce ki directement en
regardant le corps (qui reflète une image de l’unité corps-esprit-ki).
L'attitude physique, l’axe et la position de la tête
par rapport au tronc, la tenue des épaules et du bassin, son Hara, les balancements apportent des
indications sur la capacité de la personne à contrôler son corps et son esprit,
à être un homme unifié.
Et on ne peut pas la faire à un homme unifié !
D’instinct il perçoit le ki qui
s’exprime par une attitude, un regard, une parole … C’est comme si tout se
passe de ki à ki.(euhhh tu parles de qui ?) Plus besoin de parler ! Du
reste dans les Dojo traditionnel, il est vivement conseillé de ne point trop
parler (si si) !
Observez votre posture votre garde de base ou kamae, c’est normalement une posture
droite, équilibrée, un centre fort sur des pieds placés en un triangle stable (san kaku) position hanmi, les yeux fixés sur "rien" et emplie de ki !
Vous remarquerez aussi que certaines personnes ont
des ki puissants qui vous
maintiennent à certaines distances. On retrouve ce travail du Ki-u, espace du ki dans la notion de Ma-ai.
Cet espace-temps, cette distance qui vous sépare de votre adversaire.
Normalement c’est juste un peu plus long qu’une largeur de bras pour éviter les
coups directs ! Mais quelqu'un au ki
puissant et vous aurez une distance physique plus importante !
Bien entendu, le ki
pourra alors être mis à profit dans toute une panoplie d’activité : le
shiatsu, les techniques de guérison par imposition des mains, le reiki, le feng
chui, la méditation, le tai chi chuan, le do-in,
le qi gong, et toutes les formes d’arts ; shodō : calligraphie, ikebana,
…
Pour finir voici quelques paroles de O senseï :
« L’aïkidō
est bon pour la santé. Il vous aide à manifester votre beauté intérieure et
extérieure. Il favorise les bonnes manières et un comportement correct. Lorsque
le ki circule librement, il n’est plus question de maladie ».
« La
force vitale qui lie toutes les choses entre elles ; le processus optimal
d’unification qui agit dans tous les royaumes, de l’immensité de l’espace
jusqu’au plus petit des atomes ».
« Le ki
est la force de vie qui se concentre dans le corps … La puissance doit émerger
du ki ».
« Le
fonctionnement merveilleux du ki dérive de changements subtils dans la
respiration ; il est à l’origine de la vie. C’est l’essence du bū (de
l’amour). En vous reposant sur le fonctionnement merveilleux du ki, unifiez
l’esprit et le corps et pratiquez l’aïkidō ».
« Pendant
votre entraînement quotidien, vous devez apprendre à réguler votre ki. Dans la
pratique de l’aïkidō, le ki fonctionne naturellement. Le ki donne sa structure
à l’univers. " Au commencement " signifie que la matière s’échappa en
bouillonnant du ki en fusion ».
« Notre
être est constitué d’esprit et de matière. Unifiées ,ces deux facettes génèrent
le pouvoir du ki ».
« Le ki
est la source de toute force véritable. Connectez-vous, si vous le voulez bien,
au ki –c’est la première chose que vous devriez faire. C’est le fondement de
votre propre corps et de votre propre esprit ».
Une dernière citation pour faire le lien avec le
précédent billet :
« Dès que
le triangle, le cercle et le carré ne font plus qu’un, leur rotation devient
celle de la spirale lorsque s’écoule le ki, l’aïkidō du sumi-kiri apparaît
alors. »
Voilà, il ne vous reste plus qu’à pousser un Kiaï ….
Eiiiii iiiiiiiiiiii
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