Dans le dojo, nous pratiquons un art martial, un art guerrier issu de ces vaillants samurai. Or sur les tatamis je n'ai encore jamais vu un partenaire se mettre dans la peau d'un agresseur prêt à vous tuer!
Alors peut-être qu'on simule et recrache notre
agressivité sous une forme codifiée avec un partenaire complaisant? Et s'il est
très complaisant, cela peut même nous viriliser par l'ajout de projection
"hyperenvolée" ou il est projeté rien que par notre ki ou s'immobilisant
à notre moindre contact et ainsi renforcer notre ego?
Notre pratique nous ramène sûrement à des archétypes
(voir les travaux de Jung ….). Pour autant, l'entraînement aiki se fait dans la
joie et la bonne humeur. On ne doit pas oublier que l'on pratique un budo. Une
voie martiale qui répond de par son évolution à des codes, une étiquettes et
grâce à O Senseï on est passé du bujutsu techniques de combat pour tuer au
budo, art martial, voie martiale pour le développement de soi.
Durant l'entraînement, on devrait se rapprocher le
plus possible d'un réel conflit mais en créant un cadre de travail pour être à
l'aise et éviter d'éventuels traumatismes (aussi bien pour notre partenaire
attaquant que pour nous-même l'agressé).
Pour cela, on doit prendre connaissance et maîtriser
3 paramètres qui sont la forme, l'espace et le temps.
La forme:
Notre position de départ, la garde, présente déjà
une forme. En général on prend une garde neutre hanmi, attitude non violente,
position stable, triangulaire de profil qui permet à l'énergie de passer
(contrairement à une position de face qui bloquerait le passage et ferait
monter la sauce, voir à ce sujet les positions des personnes en conflits …).
Au niveau de la dynamique, cette position hanmi est
similaire à une sphère qui est stable et équilibrée.
La technique de l'attaquant va l'entraîner dans une
forme gestuelle spécifique à son choix. Ainsi une attaque shomen lui fera lever
son bras et faire un pas en avant lors de la descente du bras.
Cette dynamique d'attaque va déformer la sphère vers l'avant comme un œuf.
L'espace:
L'attaquant fait une attaque en fonction de
l'analyse de l'espace qu'il y a entre lui et sa cible. Cet espace doit être
libre et la cible parfaitement définie pour atteindre le but.
L'espace qu'on prend pour un coup de pied est plus
grand que pour un coup de poing.
Le temps:
Déjà quand peut on dire que l'attaque commence ?
L'attaque commence par un mouvement qui est à
l'initiative de l'attaquant, qu'il initie et élabore dans son cerveau. Mais
peut être démarre-t-elle avant par notre posture agressive qui initie la
réponse (l'attaque) de notre partenaire ?
Selon le niveau de pratique, on ne verra l'attaque
qu'à l'intention naissante dans le cerveau de l'attaquant, ou lors du mouvement
physique de celui-ci, quand on voit la coupe venir sur notre tête. Après, c'est
un peu tard pour réagir!
Mais quelle que soit l'attaque on se rend compte que
ces paramètres sont liés. L'attaque ne naît que d'un geste, une forme définie
qui se fait dans un espace défini dans un temps défini.
L'attaqué peut donc aussi jouer avec ces paramètres
pour contrôler l'attaque. Un seul voir les trois pour les plus avertis. Mais en
maîtriser un c'est les maîtriser tous car ils seront forcement modifiés.
La forme en modifiant notre posture.
L'espace en déplaçant la cible de place, donc notre
corps, sortir de cette ligne d'attaque du kensen.
Le temps en le raccourcissant par anticipation de
l'attaque ou en l'accroissant par notre déplacement juste avant ou lors du
contact selon la technique envisagée.
On retrouve la notion de Ma-aï
Cet espace-temps dynamique qui nous unit entre Tori
et Uke, espace physique qui est vide mais aussi espace mental entre les 2
personnes.
Le aï est le même que celui de l'aïkido, il y aussi
une notion d'harmonie.
Il est aussi important de ne pas rendre méfiant
l'attaquant. Car dès la pensée d'attaque dans son cerveau il va projeter
celle-ci physiquement et le plus rapidement possible afin d'atteindre sa cible.
Il est donc important de ne pas le perturber dans toute sa démarche. Sans
compter que plus son attaque sera franche, authentique, plus il vous sera
facile de l'esquiver.
Votre travail suppose de s'affranchir des peurs, des
réflexes instinctifs, et d'avoir du sang-froid. Tout l'art de l’aïkido réside
dans ce moment, ce point de non-retour de l'attaque. Vous devez travailler
détendu, relax, serein, stable face à une attaque, faire un travail sans
tension, sans raideur ou crispation. Ainsi vous serez en toute circonstance au
centre de votre sphère que vous pourrez rendre dynamique selon les techniques.
Et inutile de mentaliser tous ces paramètres,
l'attaque ne pourra vous en laisser le temps. C'est tout votre corps qui doit
comprendre et bouger quand il le faut. On retrouve le concept zen de Mushotoku,
être sans intention ni pensée. La plus parfaite perfection, la beauté du geste
se trouve dans celui qui sait s'adapter au rythme, au mouvement sans
opposition, être en harmonie !
Réfléchissez pas trop et pratiquez !
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