vendredi 14 janvier 2022

COMMENT APPRENDRE L'AIKIDO SUITE ...

Allons plus loin dans l'apprentissage de l’aïkido.

Comment prenons-nous une information de l'extérieure pour évoluer ?

Pour ceux que ça intéresse, ce sont les travaux de Henri Laborit. Si c'est trop pénible ben vous savez sur qui vous vous vengerez et toc !

Partons d'un schéma simple. Un stimulus arrive (geste, bruit), on le reçoit et on l'analyse (proie ou prédateur ?) qui va déterminer notre réaction par rapport au stimulus (j'attaque ou je fuis) !

Ça forme une boucle. La réaction va générer un nouveau stimulus etc.

 

STIMULUS à RECEPTION à ANALYSE à REACTION

 

Si ça se passe toujours comme cela, on serait bien fatigué ! Heureusement notre cerveau à créer un espace mémorisation pour gérer les informations qui se recoupent et éviter de faire cette boucle. La mémoire va, par contre, teintée notre information du jour avec un vécu !

 

Pour rester dans le martiale, si je vous dis "douleur", chacun va avoir une situation précise avec sa propre histoire (tombé de vélo, pincé par la copine à la maternelle, première piqûre …).

Et votre cerveau reconstruit la situation, vous l'imaginez votre douleur, c'est beau non?

 

Dans l'Aïkido et plus encore dans un combat réel cela nous met en sécurité. Tout comme le cri d'un cougar nous alerte de sa présence, la position de l'attaquant, sa respiration, ses gestes sont des signes indicateurs de la venue d'une attaque. On n'attend généralement pas d'avoir le coup sur la tête pour réagir … L'analyse de la situation et la mémoire vont entraîner, faut souhaiter le comportement adéquat.

 

On voit donc que la mémoire fait partie intégrante de l'apprentissage mais elle risque aussi d'être un blocage à celui-ci. Ainsi, le prof montre une technique, par ex Katate Dori Ikkyo … Olala, fastoche, c'est connu, c'est déjà mémorisé dans notre case bien étiquetée, y'a plus qu'à la ressortir. Notre cerveau se met à réagir devant une chose bien connue puisque mémorisée! Donc si vous n'êtes pas vigilant, vous reproduisez votre petit schéma de mémorisation, c'est à dire que vous faites ce que vous savez vous-même déjà faire … Et donc vous voilà parti dans votre forme mémorisée qui n'est pas toujours ce qui est montrée par le professeur ! Vous avez de la situation une situation partielle ! Vous n'avez pas vu, pas vu le placement de pied par exemple, le positionnement du corps, le travail du koshi, l'atemi, la conduite de Uke ….

Il suffit par exemple de vous voir lorsque je montre une technique "hors de votre propre classification", attaque différente, variante … vous vous sentez un peu perdus et normalement, vos perceptions devraient s'élargir pour saisir ce nouveau stimulus au plus vite, normalement j'ai dit ! Pensez au travail des katas de ken en fin de saison !

Donc on voit que notre cheminement de base est shunté par une voie qui passe par une perception partielle via les données mémorisées. Et donc, génère un autre comportement !

Ce schéma est une base de réflexion ! Il est clair que la partie analyse des données va stopper certains messages, sinon nous serions toujours sur les dents prêt à bondir sur le voisin grrrr !

Ça reste néanmoins intéressant de le pointer dans l'absolu ! Car la mémorisation, la classification est importante pour avoir son bagage technique, mais il faut s'avoir s'en détacher pour progresser.

"Ayez toujours l'esprit d'un débutant" disait O Sensei qui n'a pas fait d'études sur le cerveau !

 

Faut-il y rajouter la partie émotionnelle ou vous en avez assez ? Parce qu'on peut jouer avec les hormones que le cerveau libère selon le type d'informations à traiter (un peu d'adrénaline pour le combat, et un peu de dopamine pour le plaisir !). Tiens, à la rentrée c'est prise de sang pour tout le monde afin de savoir qui est là pour le plaisir ou le combat !

Je parle quand même un peu des hormones (et oui, il est lancé, on ne l'arrête plus !), car une fois sécrétées, elles sont présentes pour un certain temps (en fait tant qu'elles ne sont pas détruites ou inhibées par un compétiteur). Donc un comportement hormonal ne s'arrête pas de suite (faites l'amour, vous comprendrez !). Laborit parle de systèmes dits activateur et inhibiteur.

Un système trop inhibiteur, c'est comme un coupe-circuit, on reste bloqué, paralysé, le système d'analyse ne répond plus, de même que la mémoire et le coup vous tombe sur la tête, trop tard, vous êtes mort, il aurait plutôt fallu choisir la fuite ou l'attaque, système très activateur !

 

Le Budo nous aide en cela en augmentant nos champs de perception. C'est dans un esprit d'éternelle découverte, de créativité que l'on peut utiliser notre super cerveau dans sa totalité et donc avoir une réponse juste ! Toutes les grandes découvertes et théories n'ont pas été trouvées en pleines réflexions, en écrivant des lignes de calcul sur du papier mais en total disponibilité, Archimède dans son bain, Newton sous le pommier, Einstein à la plage …

 

Quand je faisais les stages de Maître Tamura, nous étions au minimum 200 sur les tatamis, faut aimer la proximité du contact ! Inutile de vous dire que du fond de la classe, on ne voit pas grand chose ! Et que celui qui veut pratiquer pour pratiquer est un peu démuni du peu de place qui lui est offert pour s'exprimer. Mais voir Sensei, avec un champ de perception grand ouvert c'est prendre la substantifique moelle, c'est s'abreuver à la source par des détails que le "vulgaire" ne voit pas ! Ce ne peut être qu'un placement de pied, de hanche, une attitude …. Mais pris c'est …

 

Tout cela se fait en pratiquant encore et encore en ouvrant les portes des perceptions! C'est pas dans les livres qu'on l'obtient ! Le livre nous donne un travail d'analyse/interprétation c'est tout si j'ose dire car on ne pourra pas être dans la perception, dans la sensation qui ne se retrouve qu'en travaillant à la sueur des exercices physiques. Le livre n'est utile que lorsque l'on sait déjà, par renforcement de la mémoire !

 

Donc dans notre pratique conservons notre esprit débutant, ouvrons grand le champ de nos perceptions. Avec l'Aïkido, on a la chance de travailler avec un partenaire qui nous aide à jouer avec cela, profitons. Car seul, on aurait une perception que trop partielle, sacrée mémoire !

 

Cela acquis sur les tatamis, c'est pareil dans la vie avec vos partenaires …. en théorie ... rires !

 

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