Selon Kimura sensei, l'aïkido c'est : "Une
technique effectuée par l'harmonisation de l'énergie qui surpasse les autres
techniques utilisant la force et la manipulation des articulations. Avec une
compréhension profonde de Aïki, il est possible pour une petite fille de
défaire un homme fort."
Beaucoup vont se cacher derrière l'impossibilité de
l'expliquer.
D'autres diront qu'il faut avoir un certain niveau
et de l'expérience pour comprendre.
Sagawa sensei dit :"Même pour les
talentueux, il est impossible de faire cela avant 20 ou 30 ans. Et pour ceux
sans talent c'est absolument impossible."
Pas besoin de commenter !
Pour lui, ça ne sert à rien d'en parler ! (qu'est-ce
que je fais donc ?), puisque rare seront les élus, comprendre et faire l'aïki
est un privilège!
Un enseignant est là pour donner des indices, alors
il faut se mettre sur la voie et les trouver !
L’aïkido doit être saisi par soi-même dans la
sensation. Le reste, c'est du travail, de la réflexion personnelle, des pensée
et beaucoup d'efforts !
Pour obtenir l'aïki, c'est un travail d'une vie. Le
travail d'un jour reste le travail d'un jour.
Donc chers penseurs, vous voilà plongé dans une
histoire rationnelle, pas de ki, de pouvoir surnaturel, de magie. Juste de la
compréhension, de la réflexion et du travail, beaucoup de travail.
Mais il ne suffit pas de voir ou de copier, ce
serait trop simple !
"Vous pouvez regarder
tant que vous voulez, aïki ne peut pas être compris en regardant la forme
extérieure.
Vous rendez votre adversaire
impuissant par une action interne qui n'est pas visible de l'extérieur.
Il semble que la plupart des
gens dans cet art essaient de copier la forme en croyant que, tant qu'ils
copient la forme, ils s'entraînent correctement mais ce n'est pas du tout ça.
Ce qui est vraiment important ne réside pas dans la forme mais dans quelque
chose où la forme n'apparaît pas.
Peu importe la force que vous
utilisez (…) tout ce que j'ai à faire est de bouger d'une fraction de
centimètre et l'adversaire ne peut plus utiliser sa force.
L'aïki projette une personne
lentement et calmement, les chutes bruyantes et flashy / spectaculaires servent
à impressionner les gens de l'extérieur."
Les chutes qui claquent qui plaquent, en général ça ne marche pas, ou ça marche mais on dit merci au super Uke compatissant!
Bien sûr on aime faire chuter son Uke de manière
assez virile, ça paraît efficace, ça nous rassure dans notre compréhension, on
se dit Uke au sol, j'ai réussi ! C'est pas de la moquerie de ma part, on est
tous passé par là.
Mais il faut sortir des jubilations de l'ego et se
rendre compte que tout se passe au début bien avant l'Ukemi …
"Je
suis fort parce que je bouge.
Je peux identifier le point
faible de l'adversaire presque immédiatement parce que j'ai complètement
relâché mon corps.
Je ne m'oppose pas à la
puissance de mon adversaire. J'utilise mon pouvoir concentré à l'instant
absolument critique, le reste du temps, je n'utilise aucune force.
Par l'entraînement, j'ai
conditionné mon corps pour n'être influencé par aucune sorte de force.
Vous n'avez pas besoin de
force, ce n'est pas nécessaire.
Le kuzushi, déséquilibrer
l'adversaire, est une partie de l'Aïki, mais ce n'est pas toute l'affaire."
En sommes, il faut être ancré, centré dans le
présent, agir et laisser agir quand il faut, concentrer son énergie, son
énergie qui n'est pas de la force, mais ce qui est dans le Kokyu Rokyu, la
coupe…
L'aïki est essentiellement offensif. La défense est invariablement brisée.
On dit souvent que la meilleure défense c'est l'attaque. Dans cette
affirmation il faut comprendre que vous devez être actif, ne pouvez rester
passif."
Pour obtenir cet aïkido, vous l'avez compris cela
nécessite méthode et rigueur !
Il faut donc s'entraîner, se former et conditionner
son corps et son mental !
Toujours selon Sagawa:
"Votre
vie entière est un camp d'entraînement.
"Il
est important de s'entraîner chaque jour. Vous devez construire votre corps
comme une forteresse.
Ainsi vous construisez le
corps en vous entraînant. Un entraînement intermittent, même intense est
complètement inutile. Vous devez pratiquer chaque jour pendant toute votre vie,
ceci et ceci seulement constitue l'entraînement véritable ou shugyo.
Sinon vous ne comprendrez
rien...
Pratiquer seulement la forme
n'est d'aucune utilité. Vous devez construire votre corps. Plutôt que vous
concentrez sur des techniques complexes, concentrez vous sur les bases!
Construisez votre fondation, spécialement vos jambes et vos hanches.
Même si vous vous arrangez
pour vous entraîner chaque jour en essayant différentes approches, cela vous
prendra vingt ans que votre corps soit suffisamment conditionné. Et si votre
corps n'est pas convenablement entraîné, votre technique ne fonctionnera pas
vraiment. Si vous vous entraînez chaque jour de votre vie, vous serez
complètement transformé."
Le travail sur la forme est important, mais il reste
inutile si le corps n'est pas conditionné, transformé … La construction passe
par le travail des hanches et des jambes qui doivent être fortes.
"Il
est important de faire des exercices qui endurcissent / renforcent le corps,
plus que ceux qui accroissent la souplesse. La souplesse est bonne lorsque vous
êtes devenus fort.
Bien sûr si vous comprenez le
principe, vous devriez être capable de l'exercer sans beaucoup de force mais
vous manquerez de tranchant, de pêche - il vous manquera une certaine
intensité.
Vous devez aussi rendre votre
corps souple. C'est nécessaire.
Vous devez vraiment
développer vos hanches et vos jambes. Renforcez vos jambes et vos hanches si
vous les croyez faibles.
Vous vous apercevrez que les
réponses émergent d'elles-mêmes.
A la fin vous trouverez
qu'affrontez des gens bien plus forts ne vous est pas un problème. Une personne
avec des hanches et des jambes sous-développées tend à se fier à la force des
épaules. Quelqu'un
qui bouge doucement a le potentiel de devenir bon. Une personne rigide et tendue est
d'emblée sans espoir.
Vous devez construire dans
vos hanches et vos jambes les muscles aux bons endroits. Pour cela vous devez
vous entraîner tous les jours."
Ce travail physique a ceci d'unique qu'il forme
aussi l'esprit. En même temps, notre cher cerveau fait partie de notre corps !
Selon Sagawa, à force de s'entraîner, de renforcer
son corps, les techniques se développent naturellement. Cela influe aussi sur
la force mentale, sur l'esprit, donc l'aptitude au combat.
"Vous
devez créer le Hara dans le mouvement."
Le résultat demande un effort, un effort important
et tout le temps. O Sensei, n'est pas arrivé comme cela par hasard. Il a
travaillé dur, étudié jusqu'à la fin de sa vie.
Il faisait chaque jour, plus de 20 entraînements, et 1h de Suburi
soit 300000 par an en moyenne !
Mais tous les grands génies font cela, On dit de
Picasso qu'il aurait fait plus de 100 000 œuvres … tout cela pour faire un
trait de génie ….
Maître Saito, disait encore sur son lit de mort
:"n'oublies pas tes suburi".
Les suburi font partie de la construction du corps, et la
prise de conscience du corps pour son utilisation. Comme Kokyu Ho, ce n'est pas
une histoire de force musculaire, c'est trouver le chemin …
"La
simple pratique de balancer une épée de bois (suburi) peut grandement vous
aider si vous en faites beaucoup. Voilà ce qui est important. Vous accomplirez
beaucoup par l'entraînement. Mais ceci n'est que la construction du corps. Peu
importe le travail que vous accomplirez, cela ne signifie pas que vous
atteindrez l'aiki."
"Ce n'est
qu'en pratiquant une série d'exercices pendant de très nombreuses années que
vous pourrez à la fin comprendre l'efficacité."
Comme quoi, il y a de l'espoir, mais qu'il est temps
de s'y mettre !
Mais il ne suffit pas de se cantonner à copier la
forme, la reproduire à l'envie comme une pure logique Aikikai. Il ne faut pas
juger sur les apparence. Le résultat d'une belle forme est due à ce que l'on y
met à l'intérieure.
Un Sensei, n'enseigne pas traditionnellement. Il
montre c'est tout ! O Sensei, montrait une technique, et les Deshis
s'entraînaient en essayant de capter ce qu'ils avaient vus. Mais c 'est pas O Sensei
qui les prenait par la main pour leurs dire, faites ceci, faites cela. C'est à
l'élève de travailler, de s'investir.
D'une certaine manière, l'être s'accompli par
lui-même sur la voie, le Do. L'homme est son propre chemin. Ce qu'on a capter,
appris par soi-même, on l'a acquis pour toujours.
A trop expliquer, les enseignants parasitent peut
être l'enseignement ?
En même temps, il faut comprendre qu'après la
guerre, beaucoup de Sensei, avaient un peu de répugnance à divulguer les choses
qu'ils avaient acquis eux au prix de gros efforts, d'un travail dur voir
obsessionnel. Alors donner un avantage, comme ça à des "étrangers" …
Ils avaient aussi pour eux le Yamato-damashii,
l'esprit Japonais en quelque sorte. Serrer les dents et persister, avoir une
vigueur mentale prête à toute épreuve. Même si on a tous des faiblesses,
surtout ne pas les laisser s'exprimer, mais au contraire s'appuyer sur la force
de son entraînement avec l'intention de défaire son adversaire. Cette mise en
condition, conditionne tout le reste et vous fait être prêt à chaque instant.
L'entraînement d'un Budo devrait nous permettre
d'être prêt n'importe quand; dans un esprit calme et sans effort ! A la limite,
peu importe ce qu'il peut se passer. Vous devez être prêt, avec un corps et un
esprit conditionné par le travail, sans fierté ni orgueil.
Cette faculté d'accepter l'instant est une force de
l'esprit, certes nourri par un travail sur le corps, sur le côté émotionnel et
rationnel par la compréhension des techniques.
Beaucoup de pratique en mettant toute la sincérité
et la justesse qu'il faut aide à cela, car dans un combat, c'est je coupe ou je
suis coupé !
Au bout du compte, le pouvoir, est celui de l'esprit
(spirituel?). Vos actions reflètent votre état d'esprit. donc une bataille c'est
pas un corps à corps, ce serait plutôt une bataille âme contre âme !
Esprit fort et technique sûre ne doivent faire
qu'un.
Alors, toujours envie de faire de l'Aïkido, d'avoir
ces pouvoirs ???
Chacun doit comprendre que c'est une voie pour un
travail personnel que l'on entreprend avec des compagnons de voyage qui sont
nos partenaires sur le tatami. C'est une voie parsemée d'épreuves, de douleurs
aussi bien physiques que mentales, mais le Budo reste un fabuleux voyage pour
celui qui l'a choisi.
Il implique de devoir toujours progresser et
toujours chercher.